Temps de lecture : 4 minutes 30
Dans les Andes équatoriennes, près de la ville de Riobamba, en Equateur, se trouve le glacier du Chimborazo. Et c’est à environ 5 000 mètres d’altitude que se rend plusieurs fois par semaine, Baltazar le dernier « hielero » du Chimborazo. Géraldine, de passage dans le pays nous raconte cette rencontre qui l’a bouleversée !
Les hieleros sont les hommes qui piochent de la glace. Traditionnellement, le métier de hielero était très utile pour la conservation des aliments dans les endroits où l’électricité n’arrivait pas ou que les personnes ne pouvaient pas s’acheter de matériel à ces fins. C’est pour cela que des hommes en ont fait leur métier. Mais le travail s’effectue dans des conditions de travail dures. Dures car physiques mais également dures à cause des mauvaises conditions climatiques comme le vent, le froid, la pluie ou la neige. Et enfin dure car le salaire à la clé était et reste très faible. L’arrivée de la technologie et la démocratisation des réfrigérateurs a finalement eu raison de ce métier et tout le monde s’y est peu à peu désintéressé.
Tous sauf Baltazar qui est le dernier hielero du glacier du Chimborazo, volcan le plus haut de l’Equateur. Il a appris ce métier à l’âge de 15 ans, avec ses frères. Mais ces derniers ont décidé de se tourner vers de emplois plus stables et moins durs. Baltazar a décidé, lui, de rester fidèle à la montagne et à sa profession.
En voyage en sac-à-dos en Equateur, je souhaitais voyager dans les Andes équatoriennes. Sur le chemin, j’ai décidé de m’arrêter à Riombamba. Cette ville d’environ 150 000 habitants est surnommée « Friobamba », du mot « frio » qui veut dire « froid ». Pas très alléchant à premières vues, mais j’avais entendu parler du tren del hielo qui faisait découvrir les terres un peu reculées et rencontrer le fameux dernier hielero. Alors pourquoi ne pas tenter le voyage.
J’ai eu la chance de connaître Baltazar dès mon arrivée à la petite station de train d’Urbina. Il nous a raconté son quotidien au travail, qui est indéniablement difficile, mais d’autant plus honorable. Tout d’abord, il monte jusqu’au glacier avec ses mules et pioche des blocs de glace pendant plusieurs heures. Ensuite, il les emballe dans de la paille ramassée plus bas sur le chemin, et les attache au dos de ses mules. Pour finir, il les redescend dans la foulée pour éviter que la glace ne fonde trop vite. Arrivé à Riobamba, il les vend à différents commerces qui réutiliseront la glace selon leurs activités : jus de fruits ou glaces. Et le lendemain, il recommence. On s’accordera tous à dire que c’est plutôt fatigant. Mais Baltazar lui, le voit comme une passion et un travail qu’il a fait toute sa vie et qu’il ne se voit pas arrêter. Malgré ses 75 ans, il continue. Il a tout de même réduit la cadence et n’y va « plus que » deux fois par semaine.
Après nous avoir expliqué tout cela, quelqu’un nous souffle que c’est son anniversaire. On lui a donc tous chanté « cumpleaños feliz » et mangé de la glace à la mûre faite par son frère, avec bien sûr de la glace pilée du Chimborazo. Ensuite j’ai eu l’occasion de pouvoir parler avec lui, même s’il était plutôt sollicité. Malgré son visage bien marqué par ses années de travail, c’est un homme souriant et surtout humble que j’ai eu la chance de rencontrer. Après avoir parlé des grandes lignes de son quotidien et de la fierté qu’il ressent à faire ce métier, j’ai voulu connaitre son ressenti par rapport à l’évolution de son travail au fil des années et s’il ressentait à son échelle les conséquences du réchauffement climatique. Heureux de pouvoir parler de son quotidien et de son opinion sur ces sujets il a pris le temps de me répondre.
Comme c’est un homme assez petit (1,50 mètres) et frêle, il m’a été difficile de l’imaginer réaliser autant d’efforts physiques et surtout à son âge. Mais c’est une belle leçon de vie qu’il m’a donné. Car même s’il sait qu’il pourrait trouver un travail moins rude ou tout simplement ne plus travailler du tout, il continue tout simplement parce qu’il est heureux ainsi. Il sent que c’est son devoir et perpétuer la tradition lui donne de la force et de la joie. En attendant, je peux facilement dire que c’est l’une des meilleures glaces que j’ai mangée, avec un goût d’authenticité et de sagesse.
–
L’Equateur fait parti de ces pays encore confidentiels qui recèle de trésors tant au niveau architectural qu’au niveau culturel. Vous pouvez, vous aussi, y faire des rencontres inoubliables si vous le souhaitez. Contactez pour cela nos conseillères de voyage locales afin qu’elles vous organisent un voyage en Equateur inoubliable ! Et si vous souhaitez en savoir plus sur Baltazar, un film retrace sa vie.