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Ces peuples qui protègent la nature

#1 Les Kichwas de Sarayaku en Equateur

Kishwas d'Equateur

En Equateur, il n’y a pas moins de 15 minorités qui se partagent ce tout petit bout d’Amérique Latine. Parmi elles, les Kichwas de Sarayaku situés dans les Andes équatoriennes. Si ce nom ne vous est pas étranger, c’est parce que cette tribu s’affranchit de ses frontières pour porter à l’international son combat écologique. Depuis quelques années, les Kichwas de Sarayaku exercent une résistance pacifiste contre les sociétés pétrolières qui menacent leur équilibre. Vivant depuis des siècles au cœur de l’Amazonienne, les indigènes connaissent tout de cette terre qui leur a été léguée par leurs ancêtres. Pourtant cet environnement naturel qui leur sert à la fois d’habitat, de garde-manger et de médicaments est en grand danger, inquiété par l’hyper croissance et la pression économique de l’Equateur.

Le gouvernement a procédé à un découpage de son territoire en « blocs » qu’il a ensuite confié à des sociétés pétrolières. Ainsi, chaque zone d’exploitation est soumise à des forages, à la construction de puits ou à l’installation d’infrastructures permettant de pomper la moindre goutte de pétrole enfouie sous la « Terre-Mère », comme l’appellent les Kichwas. Ces sociétés pétrolières ne sont freinées par aucune règle en matière d’écologie, au grand damne des populations indigènes qui voient leurs ressources naturelles diminuées à vitesse grand V.

#2 Les Kogis en Colombie

Les kogis en Colombie

Dans les montagnes de la Sierra Nevada de Santa Marta en Colombie, à quelques kilomètres de la Mer des Caraïbes, la communauté des Kogis vit en totale autarcie en plein cœur de la nature. D’ici, ils veillent sur le monde dont ils se disent eux-mêmes les gardiens. D’après eux, tout ce qui compose notre planète est vivant ; les rivières constituent le sang, le vent symbolise le souffle, les arbres représentent le système pileux, les rochers sont les os, les sommets incarnent la tête et le charbon évoque le foie. Tout, absolument tout, doit donc être préservé, protégé et choyé pour entretenir cet équilibre qui tend à s’effondrer de plus en plus. Cette croyance incarne leur philosophie de vie et c’est ce message qu’ils s’efforcent de partager au reste du monde depuis plusieurs siècles. Se définissant eux-mêmes comme les « grands frères de l’humanité », ils diffusent en continue leur discours aux étrangers et particulièrement aux occidentaux qu’ils appellent « petits frères ». La légende kogie veut que ces petits frères étaient, il y a des années de cela, intégrés à la communauté des grands frères. Mais ils ont été bannis de cette dernière à cause de leurs actes négatifs sur la planète. Ils sont, depuis, condamnés à porter le blâme pour leurs méfaits et à en assumer les conséquences. Pour parvenir à réparer ce tort  et à remettre les petits frères sur le droit chemin, des « kogis frontières » sont nommés au sein même de la communauté servant de relais entre le peuple des Kogis et les sociétés plus modernes.

Cependant, comme tous les peuples indigènes, les Kogis ont eu leur lot de misères. La guérilla, le narcotrafic et les gouvernements successifs les ont malmenés, les poussant à se retrancher tout en haut de la Sierra Nevada de Santa Marta. Mais par-dessus tout, c’est bien la déforestation et les enjeux écologiques qui constituent aujourd’hui leur véritable inquiétude. Ils se battent pacifiquement pour protéger, non seulement leurs terres, mais également la planète entière qu’ils observent tristement atteindre un point de non-retour. Afin de leur venir en aide, des associations récoltent de l’argent que les Kogis utilisent ensuite pour protéger des terres qu’ils rachètent à l’Etat.

#3 Les Kayapos au Brésil

Kayapo au Brésil

Vous avez sans doute déjà entendu parler du grand chef de la communauté Kayapo au Brésil : Raoni. Depuis plusieurs années, il sillonne la planète dans sa tenue traditionnelle pour alerter sur les ravages écologiques du gouvernement brésilien dans le nord de l’Amazonie. Ce peuple indigène se trouve au creux de la vallée du Rio Xingu dans les états du Mato Grosso et du Para. Pour lui, les forêts luxuriantes de l’Amazonie sont, non seulement son quotidien, mais surtout l’équilibre sur lequel repose tout son mode de vie. Mode de vie qui est aujourd’hui menacé par l’immense centrale hydroélectrique installée depuis 2006 sur une partie du territoire des Kayapos. Ce sont donc des milliers d’indiens qui, poussés par le gouvernement brésilien, sont contraints de quitter leurs Terres ancestrales. Le barrage de Belo Monte est l’exemple le plus probant de leur combat contre l’industrialisation de la zone. Porté au-devant de la scène internationale par des organismes de défense de l’environnement et par le chef Raoni lui-même, les indigènes ont finalement réussi à freiner l’expansion du barrage. En 2018, le gouvernement brésilien a même fait marche arrière annonçant l’abandon de la construction de projets aussi importants. Les raisons : l’impopularité des solutions proposées et les enjeux économiques non négligeables auxquels doit faire face le pays.

Aujourd’hui, l’Amazonie continue de diminuer à vitesse grand V. Depuis le ciel, les spécialistes voient le poumon de la planète rapetisser comme un organe malade, soumis à la déforestation toujours plus agressive des pays limitrophes. La communauté des Kayapos en est l’un des gardiens et se bat pour sauvegarder cette nature qui leur est vitale.

#4 Les Bishnoïs en Inde

Bishnois en Inde

Si les grandes villes en Inde encombrées, polluées et bruyantes nous viennent assez facilement en tête à l’évocation de ce si grand pays, la communauté des Bishnoïs est à l’opposé de cette image écornée. Créé au 15ème siècle par le gourou Jambeshwar Bhagavan (également surnommé « Jambaji » ou « Jambhoji »), ce groupe se caractérise par une dévotion totale à la nature. Selon eux, l’Homme n’est pas une espèce supérieure aux autres organismes vivants mais fait, au contraire, partie d’un tout. Parmi les 29 préceptes et règles commandés par leur gourou, le respect des animaux, des arbres et de toute la nature en général est le fondement de la philosophie bishnoï. Le végétarisme en est d’ailleurs l’un des piliers. Les animaux orphelins ou blessés sont souvent recueillis au sein de la communauté et sont traités comme les égaux des hommes, les considérant comme ses propres enfants. Il arrive même de voir certaines femmes nourrir au sein des petits faons abandonnés, animal sacré pour les Bishnoïs. Respectueux de la nature, altruistes, végétariens, … mais pas vegan pour autant car le bishnoï se nourrit de lait. Il pense cependant à en laisser suffisamment au veau qui reste auprès de sa mère tout au long de sa croissance.

On note également ici l’apparition d’une écotaxe bien avant qu’elle ne fasse débat dans nos actualités. Depuis le fondement de leur communauté, les Bishnoïs doivent dédier un dixième de leurs récoltes de céréales à l’alimentation de la faune locale. Mais la protection de la nature végétale et animale ne s’arrête pas là ! Ils traînent en justice systématiquement et inlassablement les chasseurs qui s’attaquent aux espèces en voie de disparition ; ils s’organisent pour lutter contre la pollution et contre la déforestation, même s’ils doivent y laisser la vie, comme Jambaji l’a dit.

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