Temps de lecture : 6 minutes
La jeunesse est souvent à l’origine de bouleversements et de petites révolutions au sein d’un pays. Elle est capable de soulever une nation toute entière par la seule force de ses convictions, de ses rêves et de ses aspirations. Si une seule journée ne suffit pas à la porter en honneur, nous avons tout de même souhaité marquer le coup à l’occasion de « la journée de la jeunesse ». Pour cela, nous sommes partis interroger nos conseillers de voyage locaux qui, s’ils connaissent parfaitement les moindres recoins de leur pays, connaissent davantage encore sa population, ses enjeux sociétaux et les subtilités de sa culture. Une chose est certaine ; quel que soit le pays de provenance, le regard porté sur cette nouvelle génération est toujours plein de bienveillance et rempli d’optimisme !
–
Le passage à l’âge adulte tant attendu et la façon de célébrer ce cap varient selon les pays. L’Amérique Latine comme le Pérou, la Colombie, l’Argentine, l’Equateur ou le Mexique, ont fixé la majorité à 18 ans. Pourtant, c’est surtout le 15ème anniversaire qui est très célébré, en particulier pour les jeunes filles. Karla, conseillère de voyage au Mexique, nous explique : « Les « quinceañeras » comme on les appelle ici revêtent des robes toujours très habillées. En plus de fêter leur anniversaire, c’est avant tout leur entrée dans la vie d’adulte que toute la famille et tous les amis célèbrent. Ce n’est donc pas vraiment à la majorité qu’une grande fête est organisée. »
Au Japon, la majorité est établie à 20 ans depuis 1945. Quentin, lui aussi conseiller pour la communauté bynativ, y a vécu pendant de nombreuses années. Là-bas, « les japonais et les japonaises fêtent leur passage à l’âge adulte avec le « Seijin Shiki ». Lors de cette cérémonie, tous les jeunes gens qui ont ou qui vont avoir 20 ans dans l’année à venir se rendent à la mairie de la ville dans laquelle ils vivent pour officialiser leur passage à l’âge adulte ».
Aux Etats-Unis, les jeunes accèdent à leurs droits d’adulte par palier. « A partir de 16 ans, les jeunes peuvent passer leur permis et conduire seuls dans la plupart des états américains. A 18 ans, ils accèdent au droit de vote. Et à 21 ans, c’est bien connu, ils peuvent consommer de l’alcool et entrer dans les casinos », nous explique Maya, qui travaille dans l’agence américaine partenaire de bynativ.
Avoir 20 ans, c’est aussi un cap lourd de sens pour certains pays comme la Colombie par exemple. « Avoir 20 ou 30 ans en Colombie, cela sous-entend ne pas avoir connu les pires moments de l’histoire colombienne et avoir, de ce fait, une volonté de changer les mentalités et les pratiques au quotidien : les jeunes veulent un avenir meilleur et faire table rase des clichés du passé », nous raconte François, agent de voyage local à Medellin.
En Equateur, c’est l’opposition de deux jeunesses : si à cette période, certains vivent les plus belles années de leur vie et souhaitent expérimenter un maximum de choses ; les autres, plus nécessiteux, ont un quotidien parfois bien difficile à vivre et ne peuvent pas poursuivre les mêmes rêves que la jeunesse dorée. Paola précise : « Dans cette deuxième catégorie de jeunes, il y a malheureusement encore beaucoup de grossesses chez les très jeunes femmes. C’est alors une autre vie qui commence. Une décision importante s’impose à elles : terminer leurs études ou tout arrêter par manque de temps et de moyen ? »
Quel que soit le pays dont les conseillers sont originaires, ils ont tous relevé un bon nombre de défis et de nouveaux challenges auxquels la jeunesse doit aujourd’hui faire face. Karla et Giovanni, au Mexique, soulignent la difficulté de la nouvelle génération à faire la différence entre ce qui est facile de faire et ce qui est juste. Outre la corruption qui a gangrené le pays pendant longtemps, c’est également la délinquance qu’ils sous-entendent ici. Cet aspect se retrouve également dans les propos de Julian, conseiller de voyage local en Argentine, qui affirme que « l’insécurité est toujours une réalité ». Il précise en disant que « c’est la première difficulté à laquelle se heurte la jeunesse de [son] pays ».
Le Costa Rica, quant à lui, insiste sur le manque de travail. « Ici, pour avoir un bon travail, il faut avoir eu une très bonne formation primaire et secondaire », précise Carolina. Même discours pour Elena, conseillère voyage pour la Grèce : « Les jeunes peinent à trouver un emploi après leurs études et, qui plus est, un travail qui corresponde aux études qu’ils ont effectuées. Trouver un emploi en Grèce est difficile et décourageant. Une partie des talents grecs est allée vivre à l’étranger … Ceux qui n’ont pas pu partir tentent de trouver un emploi bien payé ».
Au contraire, aux Etats-Unis, trouver un emploi est plutôt aisé. En revanche, l’accès aux études supérieures est un vrai parcours du combattant, source d’un endettement faramineux. Maya précise : « Les étudiants ont une dette étudiante nationale de 1,5 milliards de dollars, ce qui est énorme ! La plupart des américains débutent leurs carrières avec des dettes très importantes, et ont des difficultés à emprunter. Environ 70% des étudiants ont 1 ou plusieurs petits boulots pour pouvoir se nourrir, et payer leurs factures ». L’accès difficile aux études supérieures résonne jusqu’au Népal où les étudiants doivent aller vivre dans la capitale Katmandou ou dans d’autres grandes villes pour poursuivre leurs études. Chitiz ajoute qu’il « n’est pas évident d’être étudiant au Népal parce qu’il est difficile de trouver des chambres et des logements. Vivre en couple hors mariage n’est pas accepté par la société et le travail à temps partiel n’est pas toujours disponible pour les étudiants. Ils dépendent donc financièrement de leur famille ».
Au Japon, les défis à surmonter sont plus d’ordre sociétal. Quentin insiste notamment sur la question préoccupante du ratio fécondité/vieillesse. « Il faudrait trouver un moyen pour encourager les jeunes adultes à avoir des enfants, tout en essayant d’améliorer la place des femmes au Japon », suggère-t-il, « car cela risque de devenir réellement catastrophique si on continue comme ça. Certaines études prévoient tout de même une chute de la population de quasiment 50% d’ici 2050 ».
Mais loin de se reposer sur ses lauriers, la jeunesse du monde à des rêves et compte bien tout mettre en œuvre pour les réaliser. A la question « Qu’est-ce que souhaitent les jeunes pour l’avenir de leur pays ? », une meilleure éducation et des actions environnementales sortent en tête du panel de réponses données par nos conseillers locaux. Les mexicains, par exemple veulent « avoir accès plus facilement à l’éducation et avoir la meilleure possible ». Au Sri Lanka, Nadeera confirme en disant « qu’il faut des jeunes bien éduqués qui peuvent continuer à pousser le pays vers le haut pour le développer au maximum ».
Du côté de l’Equateur, Paola met l’accent sur la conscience écologique de la nouvelle génération et sur leur volonté de tendre vers un pays durable : « Certains font la promotion de l’économie solidaire, à travers l’échange de biens ou de services au moyen du troc qui est encore une pratique courante dans le monde indigène mais oublié par la population métisse. Des projets de potagers bio dans des quartiers résidentiels et au cœur de la ville voient le jour à chaque instant ».
La politique est, bien entendu, un point de débat important chez les jeunes. Giovanni souhaite un pays sans corruption ni impunité pour la jeunesse mexicaine ; tandis que Maya, conseillère aux Etats-Unis, pointe du doigt « le port d’arme et l’accès facile aux armes à feu qui est aussi un vrai sujet sensible auprès des jeunes américains ! » En Colombie, « les jeunes font partie d’une génération qui n’a pas vraiment connu la violence ni les privations », nous raconte François, « si bien que leurs attentes politiques ou sociales sont très éloignées des générations plus anciennes. Bientôt cette jeune génération sera majoritaire en Colombie et leur vote sera le levier de changements importants ».
Au Népal, cette nouvelle génération est liée à de nouvelles opportunités. Chitiz, conseiller de voyage local en Himalaya, nous confie qu’il a voté pour la première fois l’année dernière seulement. « Pendant 20 ans, il n’y a pas eu d’élections locales et l’année dernière, 80 % du pays a voté. Après tant d’années d’instabilité politique dans le pays, il y a un nouvel espoir de développement économique rapide pour le Népal ». Les jeunes népalais (très majoritaires dans le pays) ont donc de fortes aspirations pour leur nation qu’ils espèrent voir prospérer.