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Zoom sur l’île de Gorée : escale avant l’Amérique

Temps de lecture : 3 minutes

Entre les maisons colorées, les petites rues paisibles et le sourire des locaux, difficile d’imaginer les atrocités qui se sont déroulées ici, sur l’île de Gorée au Sénégal. Et pourtant ! Entre les murs du grand bâtiment rose situé au centre de l’île, des milliers de femmes, d’hommes et d’enfants ont vu leur vie basculer. Plaque tournante de la traite négrière, l’île de Gorée a été victime de sa position géographique idéale. Pourtant si petite, les avantages qu’elle offrait aux grandes nations de l’époque étaient trop alléchantes pour qu’elles se détournent d’elle. Un mouillage sûr pour tous les équipages et un continent à proximité avec lequel faire du commerce, tout y était réuni. Aujourd’hui, se rendre à Gorée, c’est faire un devoir de mémoire ; c’est prendre part à cette réconciliation entre les peuples et c’est faire résonner son message bien au-delà des frontières sénégalaises.

Rue sur l'île de Gorée

Une ville en marge du Sénégal

Située au large du Sénégal, à 3,5 km de Dakar très exactement, l’île de Gorée semble être suspendue dans le temps. Bien loin de l’effervescence de la capitale, ici, tout est calme et volupté. Les maisons aux couleurs pastel et ocre participent à cette drôle d’atmosphère qui tranche avec le reste du Sénégal. Partout, ça se sent : le passé de cette petite île est lourd et encore très présent dans l’esprit de ses habitants. C’est d’ailleurs la raison principale pour laquelle les voyageurs se pressent au port de la ville. Venus en chaloupe, ils viennent admirer cette ville qui a vu s’écrire un chapitre sombre de l’histoire de l’humanité. Dès leur premier pas sur l’île, ils sont happés par les couleurs vives et par la bonne humeur des habitants. En émerveillement devant les bâtisses et les petites rues étriquées, ils déambulent dans Gorée La Belle, profitant du calme des environs pour s’échapper un peu de la bouillonnante capitale sénégalaise. Pourtant très vite, ils sont rattrapés par le destin funeste de l’île. Les grandes maisons coloniales qu’ils ont aimé admirer un peu plus tôt contrastent de manière flagrante avec le bâtiment plus austère au centre de la ville et que l’on nomme « la maison des esclaves ». Les plaques commémoratives et la statue imposante se rappellent à eux avec un goût amer. Le cadre est posé, bienvenue à Gorée.

chaloupe vers l'île de Gorée

L’île de Gorée : une triste escale

Dès sa découverte en 1444 par des marins portugais, Gorée n’a cessé d’être convoitée par les plus grandes puissances de l’époque. Pendant 3 siècles, elle fût baladée entre les mains des portugais, des hollandais, des anglais puis des français. Du 15ème au 19ème siècle, Gorée a accueilli dans ses bras trop petits pour tous les consoler, des milliers d’africains. Entreposés ici comme de vulgaire bétail, cette petite île faisait office d’escale de l’enfer avant d’envoyer, la mort dans l’âme, ces déportés vers l’Amérique. Les marchands d’esclaves s’y précipitaient, eux aussi, pour organiser le transfert de leur nouvelle acquisition vers des terres plus lointaines. Il eut fallu attendre l’abolition de l’esclavage en France en 1848 pour que l’île de Gorée, ainsi que l’ensemble des colonies françaises, soient libérées du joug du commerce triangulaire.

Statue représentant des esclaves

Un symbole indispensable

Le rôle de Gorée dans la traite négrière en Afrique de l’ouest est tout de même à nuancer. Il a, malheureusement, existé des centres d’esclavagisme bien plus importants sur la côte africaine faisant ainsi de cette petite île un centre de détention de seconde zone. Le manque d’eau et de place a notamment eu un rôle à jouer dans cette relégation.  Ainsi aujourd’hui, l’île de Gorée est davantage vue par les historiens comme un indispensable lieu de mémoire, de dialogue et d’échange, que comme un haut-lieu esclavagiste. Lors de leur visite, les voyageurs ont l’occasion de visiter la fameuse maison des esclavages qui a vu défiler plusieurs milliers d’africains entre ses murs. Le fort Castel est également le témoin de cette triste période de l’histoire. Ce plateau rocheux et tout en fortifications domine toute l’île et offre un panorama exceptionnel sur l’horizon. Enfin, la maison du dernier gouverneur de France, « le relais de l’espadon » ainsi nommée, se prête également au jeu de la visite sur fond de colonialisme.

Maison coloniale de l'île de Gorée

L’île de Gorée est l’un des incontournables du Sénégal. Pour ses rues paisibles et ses maisons colorées mais également pour ses lieux de mémoire, il est indispensable d’y faire un tour. Depuis la capitale du Sénégal, Dakar, sautez dans une chaloupe et laissez-vous porter jusqu’à Gorée et son histoire !

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