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A seulement 2 semaines du coup d’envoi du mondial de football qui mettra la planète entière en émulation, un autre tournoi vient tout juste de commencer à Londres. Le jeudi 31 mai dernier, 2 équipes ont ouvert le bal en s’affrontant sur le terrain de foot du stade londonien. La particularité des joueurs ? Revendiquer leur appartenance à une minorité et à un peuple sans Etat.
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2018 marque la 3ème édition de ce mondial un peu particulier. Fondée en 2013, la confédération des associations de football indépendantes, a organisé la première coupe du monde en 2014 en plein cœur de la Laponie suédoise. La raison ? De très nombreuses équipes de football évoluaient en parallèle de la toute puissante FIFA à cause de leur statut particulier au regard de la communauté internationale. Prise alors d’un sentiment d’injustice, la ConIFA, comme elle se fait appeler maintenant, a convié plusieurs équipes amatrices ou semi-professionnelles pour disputer une coupe du monde exceptionnelle.
L’organisation d’un tel événement n’a, cependant, pas été simple. Etant donné que les Etats en tant que tels ne prennent pas part à ce tournoi, la ConIFA a du chercher des financements par elle-même. C’est notamment grâce à de gros sponsors – comme le bookmaker irlandais Paddy Power – que la confédération a réussi à rassembler les 285 000 euros nécessaires pour la coupe de 2018. Des structures hôtelières sont ainsi prévues par la confédération et le séjour des joueurs est entièrement financé par la ConIFA.
Mise à part l’Amérique du Sud qui ne possède aucune équipe sélectionnée pour le mondial de la ConIFA en 2018, tous les continents sont présents à Londres. L’Europe et l’Asie sont les deux continents les mieux représentées, suivies de l’Afrique. Sur le terrain, les équipes peuvent brandir fièrement leur drapeau et chanter leur hymne national la main sur le cœur. Choses pour le moins difficiles dans leur propre pays.
Si ce tournoi se veut apolitique, il ne parvient toutefois pas à l’être totalement. Dans ses rangs, la confédération compte par exemple l’équipe du Tibet qui s’est exilée de son pays pour se réfugier dans la ville de Dharamsala, au pied de l’Himalaya. L’entraîneur de l’équipe de Kabylie a également été arrêté par la police algérienne suite à la sélection de son équipe pour le mondial de la ConIFA. Des exemples comme cela, il en existe beaucoup. C’est pourquoi la confédération ne divulgue la liste des équipes participantes qu’au dernier moment, afin d’éviter au maximum les représailles.
Si la coupe du monde de la ConIFA est l’occasion pour ces équipes de participer à un tournoi de football juste et de qualité, c’est avant tout l’opportunité de revendiquer leur appartenance à leur peuple non-reconnu. Toutes profitent d’ailleurs de cet événement pour porter leur message sur la scène internationale ou tout simplement pour raconter leur histoire. C’est le cas notamment de l’équipe du Darfour. Ses joueurs sont quasiment tous issus des camps de réfugiés, créé à cause du conflit armé qui sévit dans la région depuis 2003. Ce mondial leur permet ainsi d’échapper aux conditions difficiles dans lesquelles ils (sur)vivent. A l’issu de la première édition du mondial de la ConIFA, certains joueurs du Darfour ont demandé (et obtenu) l’asile en Suède.
Au-delà de l’organisation du tournoi, la confédération a également permis de belles rencontres entre les clubs de ces minorités. Après la première coupe du monde en 2014, le club suédois Östersunds a décidé de créer un partenariat avec l’équipe de football du Darfour et reverse, depuis, 1% de ses revenus mensuels aux joueurs qui sont restés dans leur pays.